Me Mamadou Ismaila KONATE

Contre le RSP, Gilbert DIENDERE, Blaise COMPAORE et CDP réunis, restaurateurs d’une époque révolue, en faveur des acquis et idéaux du mouvement insurrectionnel du peuple Burkinabé des 30 et 31 octobre 2014

Tous les communiqués de presse et les prises de position émanant de personnes souvent sans nom ni prénoms, mais aussi nombreuses que celles qui se manifestent sur les réseaux sociaux et les nombreux sites populaires ne sont pas du tout insensés. Bien au contraire ! Ils relaient une opinion qui se ligue contre la violation du droit, de la démocratie et de l’ordre établi et convenu au Burkina Faso.

Une restauration est en cours au Burkina.

La démarche et les motivations qui la soutendent marquent un net recul et une lourde régression de la chose démocratique et constitutionnelle dans ce pays.

Si rien n’est fait contre, les choses peuvent aller plus vite sur le terrain et de la façon la plus irrémédiablement négative.

Les militaires du RSP[3], à leur tête le Général Gilbert DIENDERE semblent plutôt déterminés à mater toutes réactions contraires à leurs lignes. Ils envisagent de s’installer au pouvoir par tous les moyens armés et forcés. Sur ce plan, ils ne manquent ni de soutiens encore moins d’assurance et de moyens gigantesques et colossaux. Il suffit pour s’en rendre compte de constater la mollesse des premières réactions des hommes politiques à l’échelle Burkinabé et Africaine, mais aussi des organisations communautaires, sous régionales, régionales voire continentales et mondiales. La France elle-même, par la voix de François HOLLANDE se laisse aller à une prudence inconcevable et inacceptable. Elle se donne sans doute le temps d’observation pour justifier son attitude prude ou de prudence. Dans tous les cas, ces attitudes ne se comprennent guère dans une situation comme celle du Burkina Faso, un pays en transition « post Blaise COMPAORE ».

Gilbert Diendéré en juillet 2014. © Capture d’écran/YouTube

Gilbert DIENDERE est un officier supérieur bien connu au Burkina Faso et dans toute la sous région[4]. Il n’a cure de l’intérêt général de l’armée du Burkina Faso qu’il met souvent en avant pour justifier ses actes ignobles et contraires à tout bon sens. Il n’a rien à faire également de l’intérêt supérieur de la nation ou du peuple burkinabé, le cadet de ses soucis. Il n’a d’égard, d’estime et d’amour que pour son chef Blaise COMPAORE et ne répond que de lui et devant lui. Gilbert DIENDERE est le plus ancien et plus fidèle lieutenant de tous les temps de Blaise COMPAORE. Il a été de toutes les épopées et de toutes les aventures de ce dernier. Il est celui qui a protégé sa sortie de Ouagadougou après l’annonce de sa démission. Il est celui qui lui a assuré cette protection de façon totale et continue jusqu’à la première frontière choisie par Blaise COMPAORE pour s’installer avec sa famille : Yamoussoukro en Côte d’Ivoire.

Difficile de croire que le Général Gilbert DIENDERE poursuit un objectif plutôt patriotique, au nom d’une nation en péril ; surtout lorsque l’on sait le dessein personnel qu’il s’est fixé depuis l’insurrection populaire, de laver son chef Blaise COMPAORE de l’affront infligé par le peuple Burkinabé à ce dernier. Difficile également de croire en la parole de l’Officier général lorsqu’il affirme avoir renversé les autorités de transition du Burkina pour sauver le Burkina Faso d’une « grave situation d’insécurité pré-électorale»[5]. La motivation unique de ce « coup de force » est de voler au secours de ceux du « camp de Blaise COMPAORE » dont les candidatures n’auront pas été validées par la Cour constitutionnelle. Dès lors, pour juguler cette « instabilité qui serait consécutive à l’exclusion des membres du clan de Blaise COMPAORE des scrutins à venir », le Général Gilbert DIENDERE appelle « les acteurs politiques » à prendre part à un nouveau processus. Comme un appel exclusivement ciblé, le chef du CDP, parti de Blaise COMPAORE s’exprime dans le même sens. Nul besoin d’être plus fin analyste pour comprendre la réelle motivation de ce renversement de régime de transition et la direction que ses auteurs sont en train de prendre.

Des militaires devant le palais présidentiel, le 17 septembre. CRÉDITS AHMED OUOBA AFP

Toutes ces attitudes doivent amener les uns et les autres à se rendre parfaitement au fait de ce qui se dessine en ce moment au Burkina Faso : la restauration de l’ordre ancien !

Les choses sont tellement graves que les membres de la transition, les membres du gouvernement qui ne sont pas en état d’arrestation encore, les acteurs politiques, notamment les principaux candidats à l’élection présidentielle (qui doit coûte que coûte se tenir à date), y compris les leaders de la société civile sont tous obligés de se « planquer » dans une longue et dangereuse « clandestinité » qui commence. C’est le seul moyen pour eux et pour les démocrates d’échapper à la furie des hommes armés du RSP et de Gilbert DIENDERE, prêts à tout et absolument tout pour arriver à leurs fins.

Leur objectif vise simplement à mettre un terme à tout processus politique dont le but est d’installer de nouvelles autorités à la tête de l’Etat Burkinabé, sur base d’une nouvelle légitimité et d’un renouveau démocratique.

C’est cela qui devrait révolter et amener les uns et les autres à prendre des positions fortes mais surtout à les exprimer.

© AFP par SEYLLOU

Les militaires du RSP de Gilbert DIENDERE et Blaise COMPAORE par CDP interposé entreprennent de restaurer l’ordre ancien et de vouer aux gémonies, les acquis de l’insurrection populaire. C’est pour cela que le silence des uns et des autres, particulièrement les chefs d’Etats de l’Union Africaine, de la CEDEAO[6], de l’UEMOA[7], particulièrement de Alassane Dramane OUATTARA, l’hôte et le « parrain » actuel de Blaise COMPAORE, Macky SALL, Président en exercice de la CEDEAO et médiateur en chef de la transition Burkinabé est incompréhensible.

A défaut d’entendre ces voix, que les peuples épris de paix et de justice viennent en substitution de ces dirigeants, se joindre tous, dans les faits, dans les gestes, dans la parole, dans les actes pour se dresser comme un rempart, pour dire d’une seule et même voix :

« NON A LA RESTAURATION ET A LA DICTATURE MILITAIRE DU GENERAL GILBERT DIENDERE, DE LA CDP, DE BLAISE COMPAORE ET OUI A LA TRANSITION POLITIQUE ET DEMOCRATIQUE ISSUE DE L’INSURRECTION POPULAIRE DES 30 ET 31 OCTOBRE 2014 AU BURKINA FASO »

 

Mamadou Ismaila KONATE

Avocat à la Cour

Président de Génération Engagée

[1] Congrès Pour la Démocratie et le Progrès, parti de Blaise COMPAORE

[2] http://www.rfi.fr/afrique/2min/20141030-burkina-faso-assemblee-direct-manifestants-compaore-constitution-insurrection

[3] Régiment de Sécurité Présidentielle instituée par Blaise COMPAORE

[4] http://www.jeuneafrique.com/265271/politique/quil-faut-savoir-gilbert-diendere/

[5] http://www.jeuneafrique.com/265138/politique/exclusif-general-gilbert-diendere-sommes-passes-a-lacte-empecher-destabilisation-burkina/

[6] Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest

[7] Union Economique et Monétaire Ouest Africaine

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